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La meilleure musique des Strokes depuis 2006, le meilleur album rock de la terrible 2020, sa sortie en plein confinement mondial est un de mes meilleurs moments de l'année.
Un album composé de chansons longues mais très accrocheuses, aux textures variées. L'ambiance est sincère, assez posée et légèrement mélancolique. Quelques chansons finissent par des mini takes, variations ou impros, un peu a la Tame Impala.
L'album a commencé par des longues jams pour que le groupe retrouve son feeling, c'est comme ça que l'énorme tube The Adults Are Talking est sorti de terre. Ca m'étonne pas car il utilise les 4 accords chéris par Casablancas, et a plusieurs bonnes trouvailles instrus originales. De manière générale les chansons sentent les idées multiples avec leurs structures riches, souvent mon moment favori n’est pas le refrain mais un petit truc à côté, une mélodie ajoutée par Casablancas avant ou après un refrain.
La production est de Rick Rubin, gros nom du pop-rock mainstream et coupable de quelques hontes de la loudness war. C'est pas le cas ici (potentiellement expliqué par un mixage de Ben Baptie aux Electric Lady Studios). La production est très bonne, naturelle, assez sobre, bien que parfois presque trop compressée notamment sur la voix de Julian. Les guitares sont sublimes, avec plein de trouvailles de sons bien Strokesiennes (comme ce tremolo extrême qui fait oublier que c'est une guitare qui joue).
Le début de l'album est fort, les 3 premiers morceaux sont parmi les meilleurs du groupe, dommage que Casablancas ne sache écrire que des refrains en ii V I IV/vi (entendue sur morceaux 1, 2, 3, 6, 7, 9). Ca fait un ensemble très cohérent mais un peu répétitif. Le refrain de The Adults Are Talking fait même penser à One Way Trigger.
Les accords et l'ambiance de At The Door font assez Human Sadness à la sauce First Impressions Of Earth, c'est un morceau touchant, peut-être le meilleur du lot. L'instru a des synthés qui tâchent fort, entre celui des couplets qui sonne presque comme un prout et les nappes finales bien 80s.
Selfless est très touchant aussi, une belle réussite qui est chouette à placer si tôt dans la tracklist.
Eternal Summer est probablement la plus inattendue, The Strokes a dit dans son AMA sur reddit que c'était clairement le morceau le plus long à enregistrer de l'album, ça s'entend un peu. Le couplet est assez marrant, les mélodies sont cools (malheureusement en partie grâce à la chanson d'origine The Ghost in You des Psychedelic Furs), le refrain à la Pink Floyd The Wall est pas fou. Les voix de Julian samplées et utilisées aux transitions sont une idée de Rick.
L'intro dissonante de Ode To The Mets est curieuse aussi, la balade qui suit est une chouette conclusion, avec de très belles mélodies qui sonnent familières (assez proches du premier morceau en fait, et l'instru est inspirée de The Frontier Index des Silver Jews). The Strokes finissent souvent leurs albums avec des chansons remarquables, un peu différentes mais prenantes, c'est le cas ici. Je dirais même que c'est leur meilleure conclusion depuis Take It Or Leave It sur leur premier album. Et le fameux meme "Drums please Fab" à 1:44.
Rien de spécial à dire sur Why Are Sunday's So Depressing, c'est un bon morceau. Les guitares sur le refrain de Not The Same Anymore est le couplet de You Talk Way Too Much, yep. L'outro du morceau laisse entendre des drôles arpèges de guitare acoustique.
Et Anthony Fantano l'a dit, Bad Decisions sonne pas mal rip-off et pas très inspirée (riff très simple et mélodie du refrain de Dancing With Myself), je la trouve bien efficace quand même. La montée légère en volume des guitares au refrain est un peu surprenante.
La pochette est stylée, une oeuvre d'art comme souvent avec les Strokes.
Podcast avec Rick Rubin : ils ont des super souvenirs, enregistré au Shangri-La (Malibu, California), choisi par Rick par son son intime. Les Strokes avaient envoyé des démos en 2012 environ à Rick (pour Comedown Machine j'imagine, étonnant), et il sentait pas le truc, ils étaient pas prêts. Ca faisait donc un moment qu'ils voulaient bosser avec lui.
Le producteur d'Albert, Gus Oberg, avait fait des démos avant la production.
L'album occupe clairement le top 10 de mes morceaux les plus écoutés de 2020, aux côtés de Prince Daddy et Garbage.
Et il a reçu le Grammy du meilleur album rock, 11 mois après sa sortie. Clairement mérité, notamment vu que les grammys vont souvent à des artistes qui ont déjà une belle carrière.